LES RIVIÈRES, AVEC VOUS DEPUIS 50 ANS

Par François Roy, communicateur et historien

 

En octobre 1971, le Centre commercial Les Rivières ouvrait ses portes. Cinquante ans plus tard, on peut constater le rôle important qu’il a joué dans le développement urbain, commercial et communautaire de Trois-Rivières et de toute sa région.

1. AVEC VOUS POUR LE DÉVELOPPEMENT URBAIN

Le 12 octobre 1971, jour de son anniversaire de naissance, le maire Gilles Beaudoin participe à la pré-ouverture du Centre commercial Les Rivières. Le lendemain, une foule considérable prendra d’assaut, «dans l’enthousiasme et la bonne humeur» ce que Le Nouvelliste appelle «la plus vaste galerie marchande dans la région».

En poste depuis moins d’un an, le maire de Trois-Rivières est un homme de centre-ville. Ses racines sont là, ses alliés sont là et la revitalisation du centre-ville demeure l’un de ses principaux objectifs. Pourtant, il faut se rendre à l’évidence : ici comme partout, le développement urbain se déplace en périphérie, à la recherche d’espace et de voies de circulation. À Trois-Rivières, ce déplacement s’est d’abord fait vers l’ouest, le long du boulevard Royal. Mais à partir des années 60, avec l’annexion de la paroisse Saint-Michel des Forges, on peut espérer faire basculer le développement urbain vers le nord-ouest, dans l’axe du boulevard des Forges, ce qui permettrait de ralentir le déplacement vers la banlieue.

Avant même l’ouverture du centre commercial, les planificateurs de la Ville étaient à l’œuvre. À l’est du boulevard des Forges, le tout nouvel Office municipal d’habitation s’occupait à reloger les habitants du quartier Notre-Dame de la Paix. À l’ouest, dans l’axe du boulevard Rigaud, on avait ouvert de nouvelles rues et des dizaines de maisons étaient sorties de terre. Trente ans plus tard, en 2001, la fusion des villes de Trois-Rivières avec Trois-Rivières Ouest allait permettre de percer vers l’ouest ce même boulevard Rigaud pour donner aux citoyens un nouvel accès au Centre Les Rivières.

Le boulevard des Forges demeure toutefois le grand axe commercial et au fil des ans, il sera constamment l’objet de travaux pour assurer une circulation plus fluide, en particulier à la hauteur du Centre Les Rivières. En parallèle, les circuits d’autobus urbains seront adaptés pour desservir le Centre commercial, qui abritera même un véritable terminus pendant plusieurs années.


Le Centre Les Rivières a donc permis un important virage dans le développement urbain et le Conseil municipal, reconnaissant, va nommer un district électoral du nom de «Les Rivières».

2. AVEC VOUS POUR LE DÉVELOPPEMENT COMMERCIAL

Dès sa naissance, le Centre commercial Les Rivières se trouve placé sous la protection de deux géants du commerce, un à chaque extrémité du mail. Au nord, le grand magasin Simpsons-Sears avec son entrepôt sur le lointain boulevard Parent. Au sud, les composantes de l’empire Steinberg, soit le supermarché d’alimentation et le magasin Miracle Mart, en plus des comptoirs de restauration rapide Pik-Nik.

En comptant ces deux géants, le Centre commercial abrite 52 boutiques et 730 employés, après un investissement de 8 millions de dollars. On notera deux salles de cinéma qui feront pendant treize ans le bonheur des amateurs de «blockbusters».

En 1982, le pays vit en pleine récession et le climat économique est morose partout, mais pas au Centre Les Rivières. On procède à une expansion avec l’ouverture du «mail nord», un investissement de 12 millions: le magasin Sears devient la partie centrale d’un ensemble qui compte désormais 105 magasins et services.

On notera l’arrivée du détaillant Zellers qui quitte le centre-ville, de même que l’ouverture de «L’Entr’amis» qui sera pendant quelques années «le» bar à la mode, fréquenté par une certaine élite économique et médiatique.

La croissance du Centre Les Rivières se poursuit au point qu’en 1993, il domine sur deux listes : celle des employeurs trifluviens, avec 2000 emplois, et celle des contribuables corporatifs de Trois-Rivières, avec près d’un million de dollars en taxes foncières.


Nouvelle expansion en 2001 : pour ses trente ans, le Centre commercial s’offre de nouveaux aménagements, dont une foire alimentaire et une cour centrale avec puits de lumière.

Les années 2000, c’est aussi l’époque où le commerce de grande surface fait place à une nouvelle génération de magasins et de services. Exit les Miracle Mart, Zellers et Sears… Bienvenue à H&M, Linen Chest, Imaginaire, Urban Planet, Hart, Archambault, le restaurant Shaker… En parallèle, le stationnement s’anime avec d’une part le marché IGA en place depuis 1996 et d’autre part une succursale de la Société des alcools du Québec.

3. AVEC VOUS POUR LE DÉVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE

Les Grecs avaient l’Agora, les Romains le Forum et les modernes, le mail du centre commercial, où les gens se rassemblent pour des échanges et des activités. Au Centre Les Rivières, depuis 50 ans, l’action n’a pas manqué! Dès ses premières années d’existence, le Centre Les Rivières présentait sur son stationnement un carnaval en hiver et des spectacles en été. Sur le mail, on a tout fait!

Pour le plus grand plaisir des enfants, on a construit chaque hiver le village du Père Noël et aménagé chaque printemps la ferme de Pâques! On a déjà procédé aux inscriptions pour les Loisirs municipaux. On a érigé le Salon de l’habitation et célébré la Semaine de la municipalité qui avait un caractère régional.

Pour la grande fierté des sportifs, on a accueilli la Caravane des Expos et organisé un club de marche. On a présenté des défilés de mode, du bingo, du mini-putt, le Téléthon de la paralysie cérébrale, le Défi «Têtes rasées» de Leucan, de la danse sociale, de la boxe, des kiosques sur la prévention du crime et sur la prévention des incendies, des expositions pour collectionneurs et modélistes ferroviaires, des concours de costumes pour l’Halloween, des mises en scène du genre «Caution-Prison»… Et même, lors du référendum de 1980 sur l’indépendance du Québec, le mail accueillait une table pour le «oui» et une table pour le «non»!

Les médias étaient bien au fait de toute cette animation et cherchaient toujours à s’y associer, à grand renfort de publicité et de reportages en direct. Le Centre Les Rivière avait son annonceur-maison et ses fidèles organisateurs d’événements, comme Antoinette Piquette, la grande dame de la mode, Jim Girard, le père de la boxe en Mauricie ou Isaac Chevarie, le policier communautaire, aussi juge à «Caution-Prison».

Toute cette animation n’était pas que sociale : elle avait des retombées directes sur les organismes du milieu, en termes de financement, de recrutement ou tout simplement de sensibilisation. Avec Centre Les Rivières, on peut donc parler d’une importante contribution au développement communautaire, en cours depuis 50 ans… Et c’est pas fini!


Photo de couverture 
Crédit photo : Centre d’achat Les Rivières, octobre 1971. Archives nationales du Québec à Trois-Rivières, fonds Roland Lemire (P30,S2,D19765,P8). Photographe : Roland Lemire.


Merci à
Appartenance Mauricie Société d’histoire régionale, fonds Le Nouvelliste, Archives nationales du Québec à Trois-Rivières et fonds Roland Lemire